Du 1er Juillet au 3 septembre 2017
Contre vents et marées* la Ferme a fait son festival d’été chaque année depuis sa naissance l’Hiver 1992/93.
C’est donc le 25ème…
Il s’est appelé d’abord « le Monde entier est à Nanterre » puisqu’à l’époque nous le consacrions aux musiques et aux danses traditionnelles de toutes les latitudes et longitudes, puis « Monde entier est à la Ferme du Bonheur » puisque, contrairement aux trente années où je migrais sans arrêt, avec mes parents ou encore plus fréquemment devenu « adulte », voilà que je m’arrêtai sur cette friche issue de la démolition d’une jolie école primaire de 1904, constatai que… je plantais des arbres ! Ce nouveau nom correspondait aussi à la rapide ouverture du festival à d’autres formes : le théâtre, le cinéma, les arts plastiques, la danse dite contemporaine, d’autres musiques… et la naissance de nos jardins… Un foisonnement induisant le baptême de mon campement originel : « Ferme du Bonheur »
« Je suis un homme ridicule. Maintenant ils me disent fou. Ce serait une promotion s’ils ne me trouvaient pas aussi ridicule qu’avant. Mais maintenant je ne me fâche plus, maintenant je les aime tous, et même quand ils se moquent de moi. C’est peut-être là que je les aime le plus… » F. Dostoïevski
Essayer coûte que coûte de ne pas péter plus haut que mon cul…
Aujourd’hui, la Ferme du Bonheur, toujours à la merci des décideurs politico-technico-administratifs et surtout immobiliers, est une « zone franche agro-poétique », une fracture dans l’espace et le temps, un refuge hors du monde dit « moderne », où l’on expérimente nuit et jour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité… Sur près de cinq hectares, nous avons construit un véritable paysage rural, écrin de mille et un rendez-vous publics artistiques, pédagogiques, scientifiques, sociaux, agricoles… ce que j’appelle exactement : Agro-Poésie.
Il y a quelques jours encore, une nouvelle menace de « promotion » immobilière nous a été annoncée par le maire-tamponné-signé, en lieu et place de la Ferme. Si j’ai toujours dit (mais « ils » ne veulent pas se rassurer) que « la seule certitude que je pourrais rationnellement avoir vis-à-vis d’aucun territoire (foncier disent-ils) c’est qu’un beau jour je serai en dessous à composter »… en attendant, là où je suis au moment où j’y suis je fais ce que j’ai à faire !
Aujourd’hui, c’est ma 25ème Saison des Grâces, je suis heureux, les copains-copines avec moi en ont l’air aussi… Voyez ce programme !
« La poésie, ou l’art d’utiliser les restes. D’utiliser la merde et de vous la faire bouffer ». Aujourd’hui, je ne la définirais peut-être plus de cette façon-là. Si on veut comprendre quelque chose, pas grand-chose, au monde, il faut se débarrasser du ressentiment. Le ressentiment, j’en ai encore un peu à l’égard de la société mais de moins en moins et j’espère que dans quelque temps je n’en aurai plus du tout. Au fond, je m’en fous. Mais quand j’écrivais cela, j’étais sous le coup du ressentiment et la poésie consistait à transformer des matières réputées viles en matières acceptées comme nobles, et cela à l’aide du langage. Aujourd’hui le problème est tout différent. Vous ne m’intéressez plus comme ennemi. Il y a quelques années j’étais contre vous. Maintenant je ne suis ni pour vous ni contre vous, je suis en même temps que vous et mon problème n’est de plus m’opposer à vous mais de faire quelque chose où nous soyons pris ensemble, vous comme moi » Jean Genet
Bel et bon été les amis,
Roger des Prés
* arrêté municipal d’interdiction de la Ferme du Bonheur au public le 25/09/1997, incendies plus ou moins « criminels », temête du siècle en 1999, annulation des subventions dès l’arrivée de V. Pécresse à la Région, escroquerie en 2014, etc. etc. etc.
Le programme complet en PDF est à télécharger ici.
La Saison des Grâces dans la presse :
« Nanterre, royaume des agro-poètes », par Armelle Héliot, Le Figaro, 30 juin 2017
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